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Défi de rames traditionnelles organisé par Les rameurs du Brusc

Une « barquette » chargée d’histoire…

Contrairement à l’aviron qui est un sport de régatiers depuis les débuts du canotage parisien dans les années quarante, la rame traditionnelle est issue d’une tradition maritime de pêche professionnelle, dont la technique employée est Provençale.

Avec la barque « mourre de pouar » (museau de porc) depuis le 18ème siècle, et ensuite avec la barquette Provençale du 19ème siècle, la pêche est réellement à l’origine des matériels et des techniques de « nage » actuels. Ce nom de « barquette » désigne en provençal comme en Napolitain « barcheto » ou petite embarcation.

S’il y a bien un nom qui reste attaché à cette barquette, c’est celui de Ruoppolo, père et fils. Le charpentier de marine André Ruoppolo émigre de la région de Naples à la fin du 19ème siècle et s’installe définitivement à Marseille. Ses bateaux, solides et superbes, font la réputation de sa famille.

À la fois conçues pour la plaisance et pour la pêche, ces barques adaptent des techniques napolitaines aux besoins des Provençaux. On trouve dans la barque traditionnelle actuelle les deux origines harmonieusement combinées…..à la fois Provençales et Italiennes. Elles sont souvent baptisées d’un prénom féminin et porte à l’avant, la pièce essentielle qui caractérise ces barques et en fait leur gloire, le « capian ». Partie intégrante de l’étrave, il est le symbole commun des barques de la Méditerranée occidentale. Allégorie de la force masculine, souvent de couleur rouge, dressé vers le ciel et censé ensemencer la mer pour qu’elle soit toujours poissonneuse !

Valorisation patrimoniale

De nombreux déplacements permettent à la discipline de construire une relation amicale et sportive à un niveau plus large. Le but étant de faire connaître sa ligue, son club, d’affirmer une réputation sportive et de faire la fête ensemble. Le partage d’une passion commune permet des échanges plus faciles. L’attrait de la société de loisirs pour les sports nautiques, l’aspect collectif, le côté « retour à la tradition » sont autant de biais permettant de valoriser la rame traditionnelle auprès des néophytes, mais les déplacements, les démonstrations, les tournois semblent à ce jour être le meilleur moyen de faire connaître cette discipline.

Les valeurs du rameur traditionnel

La rame traditionnelle est fortement ancrée dans une identité maritime et professionnelle. Elle puise en effet ses origines dans la pêche traditionnelle réalisée avec une barque typique du nom de « pointu ».

Cette discipline sportive dérive des compétions informelles que se livraient entre eux les pêcheurs d’autrefois. L’émulation, la concurrence et la nécessité économique entre ces nombreux marins de retour de la pêche ont fait d’une urgence utilitaire : rentrer vite au port, vendre vite son poisson, empocher vite la rémunération de son travail !

Ce sport est aujourd’hui basé sur la vitesse, la force physique et l’esprit d’équipe. Une certaine conscience d’appartenance socio-professionnelle subsiste aussi du fait de cette histoire et des particularismes plus généraux qui en fondent le contexte.

Les Rameurs du Brusc, seul club du Var, fait uniquement appel à des bénévoles, des passionnés, et s’adresse aujourd’hui à toute catégorie sociale, classe d’âge et sexe. L’ APPB (Association des Plaisanciers du Port du Brusc) et Les Rameurs du Brusc tiennent à conserver ces valeurs que sont « bénévolat » et « esprit associatif » par opposition au professionnalisme qui sous-entend souvent une vision mercantile du sport salarié, rejetée comme anti-traditionnelle et anti-collective.

Sachant que la Rame Traditionnelle est une discipline très physique, deux pratiques de ce sport sont possibles au sein de notre Association :

  • les sorties « Loisir » : entretien physique et balades conviviales
  • les sorties « Compétition » : entraînement pour les compétitions organisées tout au long de l’année, compétitions officielles organisées sous l’égide de la Fédération Nationale ou compétitions amicales organisées par les différents clubs
  • dans les deux cas, la rame traditionnelle reste un sport d’équipe. Le goût de l’effort, de la performance physique plus que technique, l’amitié sont privilégiés, voire affichés ostensiblement par rapport à un sport comme l’aviron qui a accepté l’évolution de ses équipements pour favoriser la vitesse assistée par la technique. De même, les enjeux financiers et médiatiques des victoires dans les sports du système professionnel sont plutôt dépréciés, mais, parallèlement, des subventions ou des mécénats seraient les bienvenus afin d’alimenter le fonctionnement des clubs.
  • chaque club représente son origine géographique et se distingue des autres clubs non par sa technique, mais par les couleurs des tenues respectives.

Les tournois sont associés à l’idée de défi (chronométrage des passages), d’affrontement (duel entre deux barques ou duel entre une barque et le chronomètre), de victoire (parcours imposé), mais aussi, à l’idée de fête, de partage, de tradition, particularismes que l’on cultive par rapport à la « ville voisine ». Les aspects pécuniaires sont bannis des enjeux de cette compétition festive, même si de gros budgets doivent être alloués à la fois pour le matériel et les déplacements des équipes.

À noter que plus de 40% de femmes pratiquent la Rame Traditionnelle sans aménagement des matériels, en équipes mixtes ou féminines.

Ce sport serait donc tout à la fois une vision du monde (refus du primat technique sur l’effort collectif et convivial, fixation d’un règlement sur le modèle d’une norme traditionnelle), et sa manifestation concrète, vivante, actuelle, structurée.

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